ouah ouah !
– Oh la la ! Je viens juste de marcher sur la queue d’un chien.
Heureusement que ce n’est qu’un chien. Pas parce qu’il soit moins important. Il ne peut pas faire de demande ni poser de question.
Je m’accroupis pour lui faire mes excuses.
– Ouah ouah !
– Tu es gentil toi ! Je lui dis en le caressant.
– Il me regarde avec de si bons yeux ! On dirait qu’il comprend tout.
– Ah si tu savais...
Ah si tu savais mon bon chien ce qui s’est passé ce jour là...
Je marchais tranquillement dans la rue, j’étais seul et la ville grouillait de son activité quotidienne.
Mon regard se portait vers le sol lorsque je l’aperçus s’approcher. Je ne voulais pas que l’on se parle, pas maintenant, c’était trop tôt.
Mais il était trop tard, j’étais devenu sa cible, l’individu se dirigeait droit sur moi.
Je tournais la tête empli d’un désespoir profond, j’amorçais déjà un mouvement afin de fuir sur le trottoir d’en face...
Hélas, elle s’était placée devant moi et arborait un sourire si large manifestant un bonheur incroyable.
Aussi profond que ma solitude, aussi profond que ton râle lorsque je traîne à te donner tes croquettes...
Cette rencontre me désarçonne, me donne envie de courir, fuir, de me réfugier au plus profond de moi. Au plus profond de toi, en fait.
Car finalement il ne s’agit pas de moi, mais de toi.
Oui tout parle de toi, se rapporte à toi.
Dans chaque regard baissé, c’est toi que je fuis.
La pensée de te savoir là tout proche, me trouble, m’enivre, me fait chavirer, me submerge et puis me laisse vide.
Vide de toi, de moi, de nous, de tout.
Mais je dois juste arrêter d’y penser, me concentrer obstinément sur chaque pas.
Me concentrer sur le vide.
Et peut être que....
Tout le monde me regarde et me suit. Alors je suis fâché. J’aimerais que personne ne me regarde parce que j’ai la peau noire. Et je suis étranger à Lyon. Et tout d’un coup, je m’envole dans le ciel pour rencontrer un sourire, une amitié, un futur. Je me pose sur un arc-en-ciel et j’arrive dans mon pays sans guerre. Je me sens tranquille, reposé, ressourcé. Avec un sang neuf dans les veines. Une vie à vivre.
