Angel, à peine surpris, en avait vu d’autres, répondit du tac au tac :

– Pourquoi pas ? Mais je ne compte pas finir raide sur un canapé ! Par quoi on commence ? Y a des règles, Ratatouille ?

Le rat décontenancé par l’aplomb d’Angel, hésite. Les règles, il les changent tout le temps...pas d’habitude dans ce jeu là. Tout dépend des joueurs. Il se met à tourner en rond rapidement autour des pieds du lieutenant comme une bête folle. Il s’arrête et il bafouille :

– Vous aimez l’ordre donc mais ici tout peut déraper à tout moment et pas sure que vous gagnerez sur ce coup là !

Angel ne comprenait plus rien. Il avait le pressentiment d’avoir déjà vécu cette scène mais sa conscience se dérobait lorsqu’il tentait d’y voir plus clair. Il n’avait plus vraiment le choix. S’il voulait élucider l’affaire il fallait suivre le rat, peu importe où cela l’entrainerait.

Le rat, tel Colombo dans la série, enfila son imperméable défraichi, et descendit les quelques marches qui le menait à la rue. Elle était sombre et froide, seule une lumière surnaturelle planait au dessus de leur tête. Où étaient ils ? Dans quelle phase du jeu ? Dans la réalité ou dans le monde virtuel ? Angel n’arrivait plus à se situer. Une porte, entre ouverte, le rat l’ouvrit et là, au milieu d’une fumée de cigares, de sueurs, et de peur une fouine. Habillée comme pour un gala, les pattes portant des gants blancs, le cou cerclé de chaines en or, elle les invita à la rejoindre.

– Venez, mes amis, venez jouer avec moi.

Assez jouer. Il est temps de reprendre l’enquête. Un il y a un mort !
Mais peut-être les indices se cachent bien dans ce jeu improbable. Je le lieutenant Angel Ebner pas un gameur ! Faisons le points :
d’abord un rat qui parle, puis cette femme mielleuse, parée d’or comme un arbre de Noël, qui nous entraine au casino. Au faite, Jason, était-il riche, fréquentait-il ce type d’établissements ? C’est peut-être là clé de l’enquête. Je ne supporte pas le bruit des machines à sous, les rires .
Réfléchissons !

Mais d’abord un verre pour avoir les idées claires. Puis pourquoi pas un deuxième. Il est très bon ce whisky pure malt, il se boit comme du petit lait.
Puis tout devient flou, et je me réveille dans mon lit. Mon petit pote le rat est sur ma table de chevet, il grignote un macaroni. J’ai l’impression qu’il m’attendait.
Il me dit :
"Bah alors, cette enquête, on la poursuit ?"